Lino Ventura [Broché]
Auteur: Philippe DURANT - ISBN: 2754057463 - Langue: Français
DESCRIPTION
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Extrait
LINO ET MOI
Mes relations avec Lino Ventura remontent au début des années 1980. J'étais alors étudiant, et, déjà, j'envisageais de lui consacrer un livre.
L'homme étant relativement secret, ma tâche ne fut pas aisée. À force de recherches, j'ai fini par construire un manuscrit, ébauche à un travail plus complet. Je le lui fis parvenir par voie postale. Il ne me connaissait pas, je n'avais que très peu de contacts dans le milieu du cinéma, autant dire que mes chances de recevoir une réponse étaient voisines du zéro absolu.
Un samedi matin, mon téléphone sonna. Je m'en souviens avec une étonnante clarté. Pourtant, je n'étais pas en grande forme. Nuit blanche et un peu trop arrosée. La sonnerie du téléphone me réveilla de mauvaise humeur. Des douleurs me cisaillaient l'intellect. Un coup d'oeil au réveil : à peine 8 heures ! Je décrochai.
«Ici, Lino Ventura.»
Ces trois mots suffirent à me dégriser instantanément. Plus froids qu'un iceberg. À recouler le Titanic. De quoi faire perdre son assurance au plus madré des aventuriers. Et rendre sobre le roi des pochetrons. J'ai bredouillé un vague «bonjour».
En quelques mots, il m'annonça qu'il avait lu mon texte et... qu'il était bourré d'erreurs. Avant de conclure : «Je m'appelle vraiment Lino Ventura.»
Il raccrocha après un sec «au revoir». La conversation - ou plus exactement le monologue - n'avait pas duré plus d'une minute.
Je tombais des nues. Pas seulement parce que M. Ventura avait daigné m'appeler, mais en raison de ce qu'il venait de m'apprendre. À l'époque, toutes les biographies affirmaient «Lino Ventura, de son vrai nom Angelo Borrini». Toutes, sans aucune exception. J'ai retrouvé récemment des documents datant de cette époque reprenant cette information. Même les gens de télé la répétaient à l'envi, inclus des émissions auxquelles participait Lino ! Je peinai à comprendre.
Alors, j'ai repris mon bâton de pèlerin et me suis lancé dans des recherches plus fouillées. J'ai découvert que Lino Ventura avait raison. Bien sûr. Comment pouvait-il en être autrement ? «Lino Ventura» est son véritable nom et l'a toujours été. Au passage, j'ai relevé une foultitude d'autres erreurs. Et compris que l'intéressé avait dû souffrir en lisant ma prose.
Pendant plus d'un an, j'ai retravaillé l'intégralité de mon texte, cherchant des interviews, vérifiant les faits, sollicitant des personnes ayant travaillé avec lui. Lino m'avait forcé à repartir de zéro et avait eu raison.
Au terme de cette année, je lui expédiai ma nouvelle mouture.
Dès lors s'établirent entre lui et moi des contacts épisodiques mais fructueux. Il me téléphonait ou m'écrivait pour me signaler des flous, des manques. Je corrigeais, complétais et lui faisais parvenir les nouvelles versions.
Ce va-et-vient dura plusieurs années.
Entre-temps parut une première biographie le concernant. Dans une interview, Lino s'irrita contre ce livre. Il n'en avait jamais rencontré l'auteur et trouvait son comportement «méprisable». «Ma colère à moi, concluait-il, c'est par le mépris que je l'exprime.» Bien que pas du tout concerné par cette diatribe, je lui écrivis aussitôt une lettre de quatre pages lui rappelant les conditions de travail d'un biographe et lui soulignant qu'il ne devait pas s'étonner que des biographies paraissent sans son accord, puisqu'il ne souhaitait rencontrer personne !
Il me rappela quasi à réception de ma missive. Pour me dire non, que j'avais raison, mais au moins que je n'avais pas totalement tort. Affirmer que nos relations changèrent à ce moment serait exagéré. Elles se prolongèrent. Avec mes textes sans cesse remaniés et ses réactions toujours lapidaires mais pertinentes.
Mes relations avec Lino Ventura remontent au début des années 1980. J'étais alors étudiant, et, déjà, j'envisageais de lui consacrer un livre.
L'homme étant relativement secret, ma tâche ne fut pas aisée. À force de recherches, j'ai fini par construire un manuscrit, ébauche à un travail plus complet. Je le lui fis parvenir par voie postale. Il ne me connaissait pas, je n'avais que très peu de contacts dans le milieu du cinéma, autant dire que mes chances de recevoir une réponse étaient voisines du zéro absolu.
Un samedi matin, mon téléphone sonna. Je m'en souviens avec une étonnante clarté. Pourtant, je n'étais pas en grande forme. Nuit blanche et un peu trop arrosée. La sonnerie du téléphone me réveilla de mauvaise humeur. Des douleurs me cisaillaient l'intellect. Un coup d'oeil au réveil : à peine 8 heures ! Je décrochai.
«Ici, Lino Ventura.»
Ces trois mots suffirent à me dégriser instantanément. Plus froids qu'un iceberg. À recouler le Titanic. De quoi faire perdre son assurance au plus madré des aventuriers. Et rendre sobre le roi des pochetrons. J'ai bredouillé un vague «bonjour».
En quelques mots, il m'annonça qu'il avait lu mon texte et... qu'il était bourré d'erreurs. Avant de conclure : «Je m'appelle vraiment Lino Ventura.»
Il raccrocha après un sec «au revoir». La conversation - ou plus exactement le monologue - n'avait pas duré plus d'une minute.
Je tombais des nues. Pas seulement parce que M. Ventura avait daigné m'appeler, mais en raison de ce qu'il venait de m'apprendre. À l'époque, toutes les biographies affirmaient «Lino Ventura, de son vrai nom Angelo Borrini». Toutes, sans aucune exception. J'ai retrouvé récemment des documents datant de cette époque reprenant cette information. Même les gens de télé la répétaient à l'envi, inclus des émissions auxquelles participait Lino ! Je peinai à comprendre.
Alors, j'ai repris mon bâton de pèlerin et me suis lancé dans des recherches plus fouillées. J'ai découvert que Lino Ventura avait raison. Bien sûr. Comment pouvait-il en être autrement ? «Lino Ventura» est son véritable nom et l'a toujours été. Au passage, j'ai relevé une foultitude d'autres erreurs. Et compris que l'intéressé avait dû souffrir en lisant ma prose.
Pendant plus d'un an, j'ai retravaillé l'intégralité de mon texte, cherchant des interviews, vérifiant les faits, sollicitant des personnes ayant travaillé avec lui. Lino m'avait forcé à repartir de zéro et avait eu raison.
Au terme de cette année, je lui expédiai ma nouvelle mouture.
Dès lors s'établirent entre lui et moi des contacts épisodiques mais fructueux. Il me téléphonait ou m'écrivait pour me signaler des flous, des manques. Je corrigeais, complétais et lui faisais parvenir les nouvelles versions.
Ce va-et-vient dura plusieurs années.
Entre-temps parut une première biographie le concernant. Dans une interview, Lino s'irrita contre ce livre. Il n'en avait jamais rencontré l'auteur et trouvait son comportement «méprisable». «Ma colère à moi, concluait-il, c'est par le mépris que je l'exprime.» Bien que pas du tout concerné par cette diatribe, je lui écrivis aussitôt une lettre de quatre pages lui rappelant les conditions de travail d'un biographe et lui soulignant qu'il ne devait pas s'étonner que des biographies paraissent sans son accord, puisqu'il ne souhaitait rencontrer personne !
Il me rappela quasi à réception de ma missive. Pour me dire non, que j'avais raison, mais au moins que je n'avais pas totalement tort. Affirmer que nos relations changèrent à ce moment serait exagéré. Elles se prolongèrent. Avec mes textes sans cesse remaniés et ses réactions toujours lapidaires mais pertinentes.
Présentation de l'éditeur
Le cinéma a trouvé Lino Ventura, au sens propre. Catcheur professionnel, c'est le hasard d'une rencontre qui a décidé de son destin cinématographique. Un ami catcheur, mais aussi cascadeur, lui parle d'un casting en cours pour un film noir avec Jean Gabin en vedette. La production cherche un "costaud", "une gueule", pour donner la réplique à Gabin. Lino a besoin d'argent pour nourrir sa famille et finit par accepter de se présenter pour un essai. Il dégage un charisme de fauve devant la caméra. Dans la coulisse, Gabin observe l'animal de son oeil expert et exige qu'on l'embauche. Le film sera un énorme succès commercial et aura pour titre Touchez pas au grisbi. C'est le début d'une des plus grandes carrières du cinéma français, qui verra Lino Ventura tourner 75 films avec les plus grands réalisateurs de son époque et devenir une vedette, pour ne pas dire une star (mot qu'il détestait). La plupart de ses films seront des succès au box-office. Dans cette biographie extrêmement documentée, où Lino Ventura voit défiler toute sa vie avant de s'éteindre, Philippe Durant retrace le parcours hors norme du gamin des quartiers pauvres de Parme devenu vedette en France. En fin connaisseur, il ne nous cache rien de la vie de Ventura, y compris, chose rare, de la relation particulière que Lino entretint toute sa vie avec les femmes.
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